LA PORNOGRAPHIE NUIT
AUX RELATIONS CONJUGALES ET FAMILIALES
Ralph, employé modèle d’une PME californienne (…) A 35 ans, il passait une quarantaine d’heures par semaine à mater des vidéos X. Sa femme lui a ordonné de se faire traiter, sous peine de divorcer. L’internaute qui arrive ici est déréalisé, il a de fait quitté sa famille, sa femme, pour rejoindre un monde imaginaire. (…)
Source : Le consensus pornographique, par Xavier Deleu (A)
I. LA FEMME ET LES ENFANTS VUS COMME DES INSTRUMENTS SEXUELS
A. La sexualité vécue comme une fin en soi
Dans
la pornographie, la dimension relationnelle de la sexualité est
niée. Les femmes y sont en effet vues comme des objets sexuels,
anonymes et interchangeables, et ce au détriment de toute notion de tendresse
ou d'affectivité (cliquez
ici pour plus d'informations sur le sujet)
Les
piteuses scènes de comédie qui figurent dans les films ne
trompent personne. Que ce soit la visite du plombier ou bien celle du
livreur de pizza, qu’il y soit question d’une sortie restaurant
ou d’une soirée entre amis, toutes les situations sociales
ont le même aboutissement : la relation sexuelle.
D’ailleurs,
de plus en plus de vidéos X n’incluent absolument aucune
scène de comédie : ce sont le cas des films « gonzo
», ou des scénettes téléchargeables sur le
Net.
Le message délivré par les films pornographiques est clair : la sexualité est la seule raison d’être d’une interaction sociale. Le dépendant peut finir par intérioriser ce discours, et par chercher une finalité sexuelle dans chaque contact avec la gent féminine.
L’autre
ne devient intéressant que de par le potentiel sexuel qu’il
représente ; aussi intéressant puisse-t-elle être,
sa fréquentation n'a d'intérêt que si elle promet
une finalité sexuelle.
Le dépendant perd donc souvent tout intérêt pour les
relations sans finalité sexuelle. Or, il est évident que
notre société ne tourne pas (uniquement) autour des questions
de sexe. Petit à petit, le dépendant s’isole. Pire,
dans certains cas, il essaiera de force de donner une finalité
sexuelle à ces relations.
Cette
véritable instrumentalisation du corps de l’autre n’est
pas contrôlable. Aussi, nombre de dépendants projettent leurs
fantasmes sur leur conjoint, certains, et c’est dramatique, sur
leurs propres enfants. Sa propre famille devient chair consommable.
Nombre de dépendants, saturés par ces images qu’ils
ne peuvent contrôler, finissent horrifiés de ressentir cela.
(C)
La « désintoxication » est d’autant plus dure quand la dépendance commence avec l’adolescence ; il faut alors reconstruire de zéro tout le modèle sexuel, ce dernier ayant été faussement construit autour de l’idée que la sexualité était une fin en soi. (C)
Patrick Carnac est fondateur de l’association Sex Addicts Anonymous, qui vient en aide à des millions d’Américains victimes de dépendance au sexe. Il rapporte que de nombreux père de familles viennent consulter son association, après s’être rendu compte que la sexualité minait leur vie de famille: « la vie sexuelle du dépendant se métamorphose : de relationnelle, elle devient fantasmatique. Il devient incapable de vivre sa sexualité comme un acte d'amour entre lui et sa conjointe. C'est pourquoi il perd tous désir vis-à-vis de sa femme (...) leurs fantasmes de violences sexuelles envahissent leurs rapports familiaux. Dans d'autres cas, ils perdent au contraire tout intérêt affectif pour leur femme et leurs enfants ». (E)
B. La culpabilité ressentie par les dépendants, face à leurs pulsions inavouables
Les
dépendants ne sont pas des monstres. Ce sont des hommes
lambda, mais qui sont atrocement saturés d’images
pornographiques.
Beaucoup
de dépendants se sentent obscènes, pervers, malades, et
le vivent très mal. Ils n’acceptent pas que leurs pulsions
aient pris un tel tournant pervers. Ils sont dégoûtés
d’eux-mêmes.
Ils
se sentent sexuellement attirés par l’interdit, par la transgression,
alors que leur raison les retient de toute leur force.
Heureusement, la grosse majorité d'entre eux arrivera à se canaliser.
Mais une petite partie, malheureusement, « passera à l’acte
».
Ce passage à l'acte représente la phase ultime de la dépendance, car l'addiction, essentiellement psychique, prend alors une concrétisation dans le "monde réel".
Le passage à l'acte peut prendre différentes formes:
- la recherche d'une ou plusieurs relations adultérines (fantasme de la relation parallèle)
- le recours à des relations sexuelles tarifées (prositution, escort-girls)
- un passage criminel: nombre de violeurs et pédophiles reconnaissent avoir eu recours à du matériel pornographique avant de passer à l’acte, et avoir voulu faire "comme dans les films".
Egalement, il est important de rappeler que l'utilisation des services de liveshows, ou de webcams X, est assimilable à un passage à l'acte: le dépendant établit une connexion réelle avec une personne, qui va se dénuder pour lui, selon les ordres qu'il va personnellement lui donner. Les deux "partenaires" se masturbent chacun de leur côté; mais ils ont chacun conscience de la présence de l'autre, et trouvent leur excitation ou leur intérêt dans cette présence.
Je vous invite à lire l'article Définition de la pornodépendance, pour plus d'informations à ce sujet
TÉMOIGNAGES
Témoignage de Maxime, 24 ans, pornodépendant, 25 mars 2010 "Voilà
, j'ai 24 ans, étudiant à l'apparence sans problème...pourtant je
réalise au jour d'aujourd'hui que mon rapport à la sexualité et
à la pornographie est pathologique. Je réalise que j'ai un réel
addiction à visionner des films porn, non pas par envie, mais par
besoins, telle une drogue (...) J'agis de façon totalement compulsif,et ne parvient pas à me maitriser pour ne pas aller consulter une prostituée par exemple.. Longtemps j'ai pensé que je pouvais arrêter cette addiction comme je voulais ,et que ce n'était pas un problème (...)mais je finissais chaque fois par replonger ,avec un sentiment de honte toujours plus grand! Aujourd'hui je n'en peux plus de cette situation, qui est sans doute à l'orgine de multiples désillusions amoureuses ,de relations éphémères et d'un célibat prolongé... j'ai envie de changer (...)
Témoignage de Justunepuce, compagne de pornodépendant, 22 mars 2010 (...) Cinq ans de couple avec l'homme que j'aime, deux ans de vie commune et un bébé, nous venons de nous séparer car je suis tombée sur une boîte de préservatifs... depuis notre rupture il y a un petit mois, il s'avère que j'ai découvert qu'il était, et ça sûrement depuis un long moment, porno dépendant ou addict sexuel (...) J' ai découvert en effet qu'il se connectait (...) sur Internet jusqu'à 4h du matin (...) je découvre que depuis de nombreux mois, le nom de sites de rencontres coquins auquel il s'est inscrit n'est plus chiffrable (...) il laisse des messages pour des recherches de partenaires sexuels de 20 à 60 ans, laisse des messages très sexuels; et je suis même tombé sur un site où il s'est inscrit où sont profil est son sexe et qu'il recherchait à contacter des travestis (...) J'ai parlé avec certaines filles qui m'ont confirmé avoir eu des rapports avec lui, d'autres qu'il se masturbait devant sa webcam... Je suis effondrée."
Témoignages issus du forum du www.pornodependance.com
|
C’est bien la pornographie qui a entraîné Maxime, et le compagnon de Justunepuce, au bord du gouffre ; ils n’ont finalement plus eu les forces nécessaires de résister et sont passés à l'acte.
II. LA PORNOGRAPHIE ENTÂCHE LES RELATIONS SEXUELLES AVEC LA COMPAGNE LÉGITIME
La
pornographie vend une sexualité
irréelle, fantasmatique, déconnectée de la réalité.
Elle imprègne l’esprit des hommes au plus profond. Ces derniers
en viennent à ne trouver de l’excitation qu’à
travers la pornographie : ils deviennent pornodépendants.
Désormais
incapables de trouver une excitation en dehors de la pornographie, leur
rapport avec leur compagne change:
- soit ils incluent la pornographie dans leurs jeux érotiques,
et ce quand bien même la compagne n’y est pas favorable.
- soit ils perdent peu à peu tout intérêt pour des
relations sexuelles « conventionnelles », au profit d’une
sexualité masturbatoire, où ils font défiler leurs
fantasmes (voir page relative
à l'altération de la sexualité chez le dépendant).
Dans les deux cas, de par l’influence de la pornographie, les dépendants vivent leur sexualité de façon très technique, comme une « course à la performance » et à la concréation de leurs fantasmes : «Dans les cas de dépendance à la pornographie, la sexualité dans le couple est complètement déphasée.» Les hommes qui vivent ce problème ont souvent des difficultés d'érection. Leur désir sexuel pour la conjointe peut être réduit, comme s’ils avaient une relation extraconjugale. Ils développent une sexualité stéréotypée, machinale, mécanique, bien loin d'un échange romantique avec des caresses et de l'affection. (F) (propos de Michel CAMPBELL, relayés par Sylvie LEDOUX)
A. Le désintérêt pour la sexualité avec le partenaire légitime
Le désintérêt pour la sexualité conventionnelle
Nombre
d’hommes, dont la sexualité est désormais fixée
par la pornographie, essaient d’inciter leurs compagnes à
faire évoluer leur sexualité, au prétexte donné que leurs rapports
ne sont plus satisfaisants.
Dans la plupart des cas, les femmes ne comprennent pas cette soudaine hausse des exigences sexuelles. Elles n’ont en effet pas idée que l’univers fantasmatique de leur compagnon est gouverné par la pornographie. Face à cela, l’homme se sent frustré, peu écouté. Il ne se rend pas compte de quoi il est prisonnier.
Jean-Charles
NAYEBI, dans La cyberdépendance en 60 questions, et citant
des chiffres de la chercheuse américaine Jennifer P. Schneider (4) parle
d’un véritable « cercle vicieux : d’une part,
les problèmes sexuels du couple interviennent dans le déclenchement
et dans le maintien du recours au cybersexe, et de l’autre, le recours
au cybersexe favorise le déclenchement et l’entretien des
problèmes sexuels du couple. Une étude démontre que
seulement 32% des addicts au cybersexe maintiennent un intérêt
sexuel pour l’autre partenaire ; 52,1% disent ne plus avoir d’intérêt
sexuel pour leur partenaire, et dans 34% des cas, il y a absence de relation
sexuelle depuis des mois, voire depuis des années. Deux tiers des
98 personnes interrogées évoquent des problèmes sexuels
dans le couple avant ou au moment du déclenchement de la cybersexe
dépendance.
Le dépendant manifeste également un détachement à
l’égard de son partenaire sur le plan affectif. »
Le dépendant va tendre à s’enfermer dans une sexualité de « l’extrême », et à ne plus trouver de plaisir dans une sexualité plus conventionnelle. Pour maintenir l’excitaion sexuelle, il lui en faut plus. Le problème est évident, quand la compagne régulière du dépendant ne le suit pas sur cette voie, ou bien encore quand ce dernier, célibataire, cherche une partenaire sexuelle et affective à même de satisfaire ses exigences..
L'incitation à l'adultère
La
pornographie présente comme normales, des pratiques sexuelles minoritaires,
marginales ou déviantes.
Le dépendant en vient à rêver d’une sexualité hors-normes. S’il ne peut entraîner sa compagne dans ses propres fantasmes, il peut être amené à "voir ailleurs" si il existe des complices sexuels partageant ses fantasmes.
Cela
peut prendre aussi bien la forme d’adultères, que la fréquentation
de prostituées.
On
sait qu’aujourd’hui que sur les sites de rencontres, certains
hommes s’incrivent en tant que célibataires, alors qu’ils
sont déjà engagés dans une union. Si on ne peut évidement
pas dire que ce sont tous des dépendants pornographiques, on ne
peut non plus nier qu’un certain nombre cherchent dans le confort
de l'anonymat du Net, des partenaires sexuelles à la hauteur de
leurs fantasmes.
Rappelons que l’un des fantasmes de base de la pornographie, est le sexe pour le sexe, la relation sexuelle avec l’inconnue rencontrée dix minutes auparavant (E). Nombre de scénarios pornographiques s’appuient sur cette base. Or, par définition, pour un homme engagé, un tel fantasme ne peut être satisfait que par l’adultère.
MAIS POURQUOI REGARDE-T-IL DE LA PORNOGRAPHIE, PUISQUE NOUS AVONS UNE VIE SEXUELLE ?
C'est une thématique qui revient souvent sur le forum, ainsi que dans les questions que je reçois directement sur ma boîte mail: pourquoi un homme en couple, ayant une vie sexuelle épanouie, continue-t-il de regarder du porno?
Les femmes pensent parfois que seuls les hommes célibataires regarderaient du porno, afin de palier à l'absence d'une partenaire sexuelle. Du coup, elles pensent aussi qu'un homme en couple n'ira plus vers la pornographie s'il a accès à une sexualité régulière au sein de son couple. Elles en déduisent également que si un homme en couple va vers le porno, c'est forcément un signe de frustation sexuelle, ce qui les amène à se remettre elles-mêmes en question en tant que partenaires sexuelles.
Sauf que cette façon d'appréhender la pornographie, n'est généralement pas celle des hommes.
Je ne dis pas qu'il n'y a aucun cas où un homme soit allé se réfugier dans la porno, par déception de sa vie sexuelle conjugale. Mais en général, les hommes vivent leur consommation de pornographie comme un plaisir comme un autre, plaisir qu'il délie de toute éventuelle situation de couple. Un homme qui commence une nouvelle relation ne va donc pas forcément ressentir le besoin d'arrêter de consommer de la pornographie, même s'il a une entente sexuelle parfaite avec son/sa nouveau/nouvelle partenaire. Les hommes ont cependant généralement conscience que cette consommation va être difficilement acceptée par l'autre: aussi essaie-t-il soit de la réfréner, soit de la dissimuler.
Dans le cas des pornodépendants, se rajoute également au phénomène son aspect addictif. Les pornodépendants consomment de la pornographie par besoin. Ils consommeront donc quelque soit leur environnement affectif, tant qu'ils n'auront pas fait sur eux-même la démarche nécessaire pour entamer puis réussir un sevrage.
Donc clairement, vous pourriez être la meilleure amante au monde que votre compagnon continuerait probablement de consommer du porno, par goût ou addiction. Il n'y a pas grand chose à faire au niveau de votre vie sexuelle, qui soit susceptible de changer le phénomène. Si vous souhaitez que votre compagnon arrête de consommer du porno, il faut en parler avec lui, ouvertement, et lui faire comprendre que sa consommation met en péril le bien-être de votre couple, et lui en expliquer les raisons: le sevrage au porno se gagne dans la tête du dépendant, et non pas dans son lit.
|
B. L'incitation à la concrétisation de fantasmes pornographiques
L'obligation de recourir à des fantasmes pornographiques
Certains
hommes proposent de faire rentrer la pornographie dans leurs jeux érotiques.
Cette dernière devient une source d’excitation préliminaire.
Cette
idée a été par le passé défendue par
certains psychologues et sociologues, qui voyaient la pornographie comme
un moyen ludique de s’éveiller à la sexualité,
mais qui en ignoraient (ou feignaient d'en ignorer) les effets pervers.
Est-il
réellement plaisant pour une femme, de constater que pour lui faire
l’amour, son compagnon doit fantasmer sur d’autres corps que
le sien? Naturellement non. L’excitation, lors d’une relation
sexuelle, doit venir du corps de l’autre, et pas du corps des autres.
Une
femme à qui on impose, en préliminaire, la vision de matériel
pornographie, risque de se sentir, à juste titre, blessée
dans son orgueil. Ce que Sylvie LEDOUX explique, exemple à l’appui
:
Nicole, une femme dans la cinquantaine, mariée et mère
de deux enfants, souffre du fait que son mari, chaque fois qu'il veut
faire l'amour avec elle, lui offre en guise de préliminaires de
regarder des magazines érotiques. Rien d'excitant pour elle. Cet
étalage d'images crues ne l'érotise pas du tout. Au contraire,
elle se sent blessée et en a marre de sa sexualité. Son
désir envers son mari est pratiquement nul.
Nicole fait partie de ces femmes dont la relation est mise en péril par la consommation de pornographie de leur conjoint. «Quand l'homme a besoin de regarder des images pornographiques pour s’exciter, explique le sexologue et psychologue Michel Campbell, la femme peut avoir l'impression que ce n’est pas avec elle qu'il fait l'amour mais avec l'image qu'il vient de regarder. Elle est blessée.» (F)
TÉMOIGNAGE DE LILI, COMPAGNE DE PORNODÉPENDANT, 08 AVRIL 2010
"Je me pose la question de l'addiction de mon conjoint
à la pornographie. Nous sommes ensemble depuis 11 ans, nous avons
une petite fille de 5 ans et nous formons un couple heureux. Mais
depuis deux mois, je me suis rendue compte qu'il allait sur des
sites pornos très régulièrement (...) Avant cela, notre sexualité
a toujours été épanouissante (...) c'est pourquoi, je ne comprends
pas pourquoi il va si régulièrement sur des sites. Un jour alors
que nous avions fait l'amour le matin, il est allé sur un site
le soir même. J'ai été très déçue. Il a même été jusqu'à aller
sur des sites avec webcams où il pouvait écrire à la fille qu'elle
l'excitait et ce genre de choses. (...)
Témoignage issu du forum du www.pornodependance.com
|
Des cas de sexualité forcée
Il arrive que certaines femmes, pour faire plaisir à leur mari, en viennent à des pratiques qu’elles ne cautionnent pas. Elles se sentent « emportées », sous pression.
Ainsi, en février 2016, selon les résultats d'un questionnaire proposé sur le www.pornodependance.com aux compagnes de dépendants, plus de 49% des femmes se sont déjà contraintes à une attitude sexuelle qui ne leur plaisaient pas face à l'insistance de leur compagnon, dont la très grande majorité à l'exécution d'actes ou de positions.
Il est évident qu’une sexualité saine ne peut s'installer quand l'un des deux se sent « forcé ». Surtout, c’est un abîme. En effet, le dépendant, toujours à l’affût d’une sexualité plus extrême, renforcera sans cesse ses exigences. Jusqu’au point de « rupture » : la rupture concrète du couple, ou la rupture psychologique du partenaire oppressé qui, de tout son être, appelle à l’arrêt de cette boulimie sexuelle (G) avec quelquefois, des problèmes psychologiques pour le (la) partenaire « invité(F) » à prendre part aux fantasmes ou à la pratique collective du sexe en ligne).
Selon une enquête réalisée à San Fransisco, en 1978, 10% des femmes ont déjà été "indisposées" dans leur vie "par des hommes qui, ayant lu quelque chose dans un médium pornographie, ont essayé de les amener à faire ce qu’ils avaient vu ». Un chiffre comme 10% est une estimation considérée comme minimale puisque de très nombreuses femmes peuvent ignorer que leur partenaire consomme de la pornographie. Les pratiques sexuelles demandées répondaient toutes à un registre sexuel « hard » : urophilie, amour à plusieurs, gifles et coups, rapports anaux, introduction d’objets dans le vagin, zoophilie…" (F).
Gageons de surcroît que ce résultat vieux de bientôt 40 ans est une sous-estimation de la réalité actuelle!
Richard POULIN, pour son livre "La Violence pornographique" (B), a posé à un panel de femmes la même question: « Avez-vous déjà été indisposées par quelqu’un qui voulait vous amener à faire quelque chose qu’il avait vu dans des livres, des images ou des films pornographiques ? Si oui, pourriez vous nous parler brièvement de l’expérience qui vous a le plus choqué ?"
Les réponses qu'il a reçu sont édifiantes:
"Réponse
D : Il s’agissait de gifles et des coups. Le plus troublant, c’est
qu’il pensait que cela m’excitait.
Réponse G : Mon mari aime beaucoup les films pornos. Ses idées
de m’introduire des objets dans mon vagin m’avaient toujours
choquées. Il avait l’habitude de m’obliger à
le faire, ou de mettre lui-même tout ce qu’il voulait dans
mon vagin.
Réponse H : Il m’avait forcée à le sucer. Il
voulait aussi verser du champagne sur mon vagin.
Réponse I : Le coït anal. Quand je lui ai dit « non
», il l’a fait quand même. Cela m’a fait terriblement
mal."
TÉMOIGNAGE DE FOOL, PORNODÉPENDANT, 15 MAI 2010
"J'ai
un vrai problème d'addiction au sexe. Je le reconnais et j'en suis
parfaitement conscient. J'ai toujours eu un grand appétit sexuel,
que je ne pouvais assouvir que via le porno. Ca fait maintenant 3 ans que je vis avec ma chérie. (...) Au bout d'un an elle a commencé à avoir mal pendant les rapports sexuels. (...) Il s'avère que je suis bien porno-addict comme je m'en doutais, et que j'ai rendu ma femme dyspareunique* à force d'insister tout le temps pour avoir des rapports sexuels. Elle me disait tout le temps oui, parce qu'elle se disait que même elle n'en avait pas envie, elle savait qu'en soit ca finirait par lui faire du bien. Résultat son corps dit non à sa place. A présent, au bout de presque 2 ans d'abstinence forcée et de nombreux rejets de sa part (malgré notre amour toujours intact), on arrive à retrouver un début d'intimité. Malheureusement c'est devenu extrêmement contraignant pour moi : position contraignante, rythme extrêmement lent de va-et-vient, pénétration sur seulement quelques centimètres... Je sais que je ne devrais pas me plaindre, que je n'ai que ce que je mérite, et que c'est déjà bien que je puisse à nouveau entrer en elle, mais si ça n'est que sous beaucoup de conditions, mais je suis vraiment à bout de patience... "
Témoignage issu du forum du www.pornodependance.com
* Dyspareunie: douleurs au moment du coït chez la femme sans qu'il existe une contracture de la vulve. Cette douleur peut être permanente ou intermittente (http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie/dyspareunie-1552.html).
|
C. User de pornographie, est-ce tromper ?
Quand une femme découvre que son compagnon consulte dans son dos des sites pornographiques, nombre d’entre elles se sentent trahies.
En effet, elles ont l’impression que leur partenaire les trompe
avec ces poupées virtuelles. La pornographie est bien une forme
de relation avec le modèle pornographique, si ce n’est qu’il
n’y a pas, dans la majorité des cas, réciprocité dans
cette relation.
Sans compter qu’aujourd’hui, le Net donne accès à
une forme plus « active » de pornographie, où le dépendant
devient acteur de son propre fantasme : ce sont les liveshows, où
le consommateur est invité à donner des ordres et à
dialoguer avec le modèle qui se déshabille et se masturbe
devant lui.
TÉMOIGNAGES DE COMPAGNES DE PORNODÉPENDANTS
Témoignage de Flou, 15 avril 2010 "Je n'en peux plus, j'ai l'impression qu'on s'en sortira jamais. J'ai été trahie plus d'une fois, il m'a fait passer pour une hystérique quand je sentais qu'il s'était passé des choses pourtant j'étais compréhensible, j'étais là pour lui, je lui ai tendu la main, je l'ai écouté mais il a toujours préféré choisir le "porno". Je pleure, je me mutile, j'ai l'impression que je suis en train de mourir tellement la souffrance est difficile. Je manque de confiance en moi, donc du coup une conséquence du porno c'est que je me sens pas à la hauteur par rapport à ces filles qu'il admire tant. Il me dit qu'il me préfère à elles, mais j'ai du mal à y croire."
Témoignage de Mimi, 27 avril 2010 "Le récit de Flou me ressemble tellement depuis je me sens sale, moche et pas capable de satisfaire mon mari vu qu'il est obligé d'aller chercher son plaisir ailleurs, j'ai beaucoup de mal à l'imaginer devant son site en train de se faire "du bien", ça me dégoûte! (...) pour l'instant on se parle à peine et je fais chambre à part je ne peux pas dormir avec lui ça m'est impossible! J'attends du soutien beaucoup de soutien!!!!!"
Témoignage de Jessy, 06 mai 2010 "Je ne sais plus quoi faire alors voici mon histoire... Je suis une jeune femme de 21 ans qui est en couple avec un homme de 27 ans, qui a depuis 3 ans un problème de dépendance au cybersexe (...) Il y a 1 ans 1/2 j'ai découvert qu'il payait pour cette pornographie. Je lui ai dit que je n'acceptais pas qu'il paie pour obtenir du sexe! Il m'a dit qu'il allait arrêter. (...) Il y a 5 mois j'ai découvert qu'il payait pour des shows de web-cam ! J'étais tellement en colère que je lui ai dit que je laissais (...) Même si je lui ai fait part de mon chagrin, ça ne change pas, il continue à me le cacher (...) Je suis énormément malheureuse et je n'ai plus confiance en moi, je suis confuse et même dépressive. Où puis-je voir une lueur d'espoir là-dedans... Notre couple alait à merveille! (...) "
Témoignages issus du forum du www.pornodependance.com
|
Il est normal qu’une femme se sente trahie lorsqu’elle
découvre que son homme consomme de la pornographie. Il se masturbe
devant ces modèles, ce qui est bien une forme de relation sexuelle.
De surcroît, la pornographie met le dépendant dans une situation comparable à ce qu'il vivrait en ayant une relation extra-conjugale physique: il ment sur son temps de connexion, trouve des prétextes pour échapper aux sorties ou aux occupations habituelles du couple. Il manque de temps pour les moments romantiques avec sa compagne.
Je conseille d’ailleurs à ce titre aux compagnes de dépendants
de se rendre sur l'article Comment
accompagner un dépendant à s’en sortir.
La pornographie peut donc être une source de rupture. Jean-Charles NAYEBI constate que le nombre des cas de divorces « dû à une cyber-infidélité est, en effet, en constante évolution dans ces pays où le système juridique est réactif. L’évocation moindre des cyber-infidélités en France ne signifie pas une moindre existence, mais une différence de mentalités. » (G)
La plupart du temps, les femmes laissent l’occasion aux hommes d’arrêter
leur consommation : ces derniers n’y arrivent pas, par faiblesse
ou manque de volonté.
Il est à remarquer que lorsqu’on interroge un homme sur la
façon dont il envisage sa consommation de pornographie, il la délie
de tout rapport humain : les femmes qu’ils voient en vidéos
et en photos, celles avec qui il peut chatter, ne sont pas réelles,
il n’y a donc pas tromperie. « Les « trompeurs »
se défendent en se référant à une fidélité
corporelle, orificiaire, qui prétendent qu’il n’y a
de tromperie que s’il y a coucherie. Les « trompé(F)s
» arguent en faveur d’une fidélité morale» (G).
Le partenaire
risque alors de se sentir « délaissé, abandonné,
bafoué et humilié sur le plan narcissique » (G)
III. L'EXPOSITION DES MINEURS À LA PORNOGRAPHIE AU SEIN MÊME DU FOYER
Tous les spécialistes s’accordent pour dire qu’un enfant, vivant dans un foyer de fumeurs a plus de chances de devenir plus tard lui-même fumeur que les autres. Le même raisonnement s’applique à la pornographie.
La
grosse différence avec le tabac, est que, en principe, les parents
n’exposent pas volontairement leurs enfants à la pornographie
(ce qui est de toute manière illégal).
Mais n’espérez pas que vos enfants ne trouvent jamais la
cachette de vos revues, ou le répertoire caché sur votre
PC, ou bien encore le code de la chaîne câblée pornographique
(d’autant plus que nombre de jeunes sont beaucoup plus à
l’aise que leurs aînés avec la technologie).
Il est, dans la nature des enfants, de rechercher l’interdit. D’ailleurs, un bon nombre de consommateurs réguliers de pornographie, ont commencé avec le matériel pornographique que cachait leur père.
En consommant de la pornographie, vous facilitez l’accès de l’enfant à cette pornographie. Vous multipliez les risques d’en faire un dépendant.
Si vous ne souhaitez pas arrêter la pornographie, je vous conseille donc de mettre en place quelques règles essentielles de sécurité, de manière à ce que votre enfant ne tombe pas sur de la pornographie au sein de sa propre maison.
AFREG - 3ème version de l'article - décembre 2016.
Citations:
A. Le concensus pornographique, par Xavier Deleu, Mango Document, 2002.
B. La Violence pornographique, par Richard Poulin. Troisième partie : Les effets de la consommation. Chapitre VI : La violence sexuelle. Editions Cabédita, Collections Archives Vivantes.
C. Une névrose obsessionnelle aiguë : la pornosphère !
D. Défi à la pudeur : quand la pornographie devient l’initiation sexuelle des jeunes, par Gérard Bonnet.
E. La Pornographie : un divertissement inoffensif, ou une incitation au crime ? Fédération des Femmes pour la Paix Mondiale.
F. Quand la pornographie nuit à la relation de couple, par Sylvie Ledoux. Article paru sur le site Service Vie Santé, http://www.servicevie.com/02Sante/Eros/Eros07052001/eros07052001.html
G. La cyberdépendance en 60 questions,, Jean-Charles Nayebi, Editions Retz, Collection Santé, 2007
Si vous avez aimé le travail fait sur cet article et les autres articles du site, vous pouvez soutenir le projet en faisant un petit don par le biais de Paypal ou de Tipeee. Aucune somme minimum n'est exigée, et c'est bien évidemment facultatif. Merci par avance!
|