LA PORNOGRAPHIE ENFANTINE SUR INTERNET

 

 

 

 

En psychatrie, le terme pédophilie désigne un état médical, psychanalytique, utilisé pour désigner l'attirance sexuelle d'un adulte pour les enfants. Cet état est assimilé à une perversion sexuelle, un état déviant. Et ce pour une raison simple: il n'est pas normal de ressentir une attirance sexuelle pour des enfants qui, par définition, n'en ressentent pas eux-même.

 

Pour cette raison, je n'utiliserai pas dans cet article le terme de contenu pédophile, car cette dénomination occulte une réalité qu'il faut pourtant appréhender: les contenus de nature sexuelle, représentant des enfants, sont aujourd'hui un business, avec ses producteurs, ses distributeurs, ses acheteurs et ses profits. Nous ne sommes plus à l'âge de photos volées circulant sous le manteau. Depuis le début des année 2000, nous sommes passés à une ère de diffusion de masse, bien qu'invisible, du contenu illégal par Internet.

 

Pour une partie d'entre eux, les tenants de ce marché vendent de la pornographie enfantine, en parallèle à d'autres formes de pornographie, légales celles-ci. Ils se moquent complètement de ce qu'ils diffusent, tant que cela rapporte. Pour ceux-là, la pornographie enfantine n'est qu'une niche supplémentaire, tout comme le sont la "pornographie fétichiste", ou bien encore la "pornographie inter-raciale". En lieu et place de l'attirance glauque des pédophiles pour les enfants, ils n'éprouvent que la cupidité des marchands sans âme.

 

I. DES RESEAUX D'INITIÉS...

 

Il convient, en introduction, de rappeler une chose: on tombe très, très rarement sur un site pédophile "par hasard". Tout simplement parce que les responsables de tels sites s'efforcent de ne pas pouvoir être localisé par le premier venu.Vous ou vos enfants ne risquez donc pas de tomber "par mégarde" sur un site pédophile. Vous n'avez aucune chance de tomber sur un site pédophile, à partir d'une bannière sur un site classique, ou d'une recherche sur Google par exemple.

 

En fait, sur Internet, vous trouverez surtout des sites " barely legal" ("tout juste légal") ou "teens" ("jeunes", le plus souvent des jeunes filles récemment majeures, bien que la traduction littérale du terme soit "adolescent(e)s"). Ces sites présentent des modèles féminins réputés âgés "d'à peine 18 ans", "innocentes", ou "vierges", ou bien encore filmées "lors de leur première fois".

Certains de ces sites poussent la transgression un peu plus loin, en se spécialisant dans la représentation de modèles choisis pour leur aspect juvénile (certains actrices aux visages juvéniles peuvent, avec le maquillage adéquat, paraître facilement 13 ou 14 ans). L’aspect enfantin est alors recherché: queues de cheval, nounours en peluche, tenues particulières, etc.

 

Toutefois, si ces sites surfent sur l'idée d'une certaine transgression, ils veillent scrupuleusement à ne pas franchir la ligne rouge. Car, juridiquement, quand on dit "à peine 18 ans", on dit aussi "18 ans révolus". Nuance de taille, car aucune loi n'interdit de fantasmer sur des femmes se déguisant en collégiennes, tant qu'on n'insinue pas que ces dernières sont mineures.

 

Vous trouverez également sur le Net de nombreux attrape-nigauds, qui promettent d'offrir aux visiteurs du contenu pédopornographique, mais qui ne font que les balader de liens en liens, de publicités en publicités, sans jamais leur donner accès à la moindre image. Mais qui, au passage, en profitent pour récupérer des informations commerciales, dont par exemple les coordonnées email, afin d'alimenter les listes d'adresses des fichiers spam.

 

Pour cette raison, un grand nombre d'amateurs n'arriveront jamais sur les "vrais" sites pédopornographiques. Tout simplement parce qu'ils ne savent pas comment y aller. Ceux-là resteront cantonnés aux échanges au sein de réseaux d'initiés.

 

Ces réseaux se forment par le biais de forums spécialisés dédiés à "l'amour de l'enfance". Etant plus facilement détectables, ils sont majoritairement hébergés à l'étranger. Sur ces forums, se croisent aussi bien des collectionneurs amateurs, que des auteurs de contenu domestique. Une minorité a déjà été condamnée par la justice.

En apparence, les membres n'échangent pas de contenu, mais discutent les uns avec les autres. Ils aiment se présenter comme des sortes d'esthètes de l'enfance. Officiellement, tout le monde jure abbhorrer les pédophiles, affichant une autocensure de complaisance. Ces groupes restent ainsi toujours aux frontières de la légalité. Pour les hébergeurs, le casse-tête est toujours le même: où s’arrête la liberté d’expression, et où commence la pédophilie ?

 

Car une fois la confiance entre membres obtenue, se constitue des réseaux propices aux échanges entre initiés.

Ces échanges ne s'opèrent jamais directement sur les forums - trop facilement repérables - mais ont lieu par le biais de logiciels de tchats (clients IRC, Windows Live Messenger, newsgroups...), où seuls les participants de l'échange peuvent avoir accès au contenu. Le contenu peut parfois même être sommairement crypté (extension du fichier changé; fichier en plusieurs parties, à reconstituer dans le bloc-notes, etc...).

 

Les membres s’échangent leurs propres productions, parfois avec leurs propres enfants, ou d’autres contenus qu’ils ont réussi à aspirer sur le Net. Ils font tout en sorte pour que leurs petites affaires ne sortent pas du cercle, même si il peut y avoir certaines fuites.

La plupart de ces forums ont une durée de vie limitée, car ils restent très facilement détectables par les forces de l'ordre. Néanmoins, ils réapparaissent souvent très rapidement, dans la mesure où ils sont techniquement très faciles à mettre en oeuvre.

 

Des contenus pédopornographiques circulent également sur certains réseaux de téléchargements illégaux. La plupart du temps, il s'agit de contenus privés ayant "filtré", téléchageables au compte-goutte. On y trouve également énormément de fakes (faux), qui derrière leurs noms évocateurs, renvoient à des images ou des sites de pornographie légale.

 

La circulation d'images pédopornographiques par le biais de telles plateformes est encore sous-estimée, sans doute parce que les décisionnaires politiques n'ont pas envie qu'on croit, qu'ils assimilent les amateurs de MP3, aux pédopornographes.

Or, cette évolution est inquiétante, car les logiciels P2P banalise la pédopornographie: autrefois restreinte en réseaux de connaisseurs, elle devient librement accessible. Le premier contact, celui qui peut entraîner une pratique régulière, devient beaucoup plus facile. La photo pédopornographique devient presque aussi facilement téléchargeable que la chanson piratée. La peur du gendarme est également beaucoup moins présente sur ce genre de réseaux, une image d'impunité étant encore très fréquemment associée aux réseaux P2P.

 

II. ... AUX RESEAUX PARALLÈLES

 

Néanmoins, ce n'est pas parce qu'on ne les voit pas, que les sites pédopornographiques n'existent pas. Seulement, ils ne se situent pas sur la face visible d'Internet. On ne les trouve pas par les moteurs de recherche conventionnels. Leurs adresses ne font pas l'objet d'une publicité massive. Bref, c'est comme si ces sites se situaient sur une sorte de réseau parallèle, accessible uniquement aux inités. Une sorte d'Internet bis, glauque, obscène et surtout interdit.

 

A. Typologie du contenu pédopornographique sur Internet

 

Combien y'a-t'il de sites à contenu pédopornographique?

 

Leur nombre est extrêmement difficile à quantifier pour d'évidentes raisons. Toutefois, l'Internet Watch Foundation ("Fondation pour la Surveillance d'Internet"), organisme britannique indépendant luttant contre la pornographie enfantine, annonce dans son rapport annuel de 2018 avoir détecté 105 047 liens pointant vers du contenu pédopornographique, pour un total cumulé d'un million de liens constatés depuis 1996 (B). Il s'agit évidemment que du contenu détecté, soit, on ne peut que le craindre, la partie immergée de l'iceberg.

 

Que trouve-t'on sur les sites pédopornographique?

 

On trouvera d'abord les auto-dénommées "collections artistiques de mineurs dénudés". Il s'agit de photos d'enfants nus, sans connotation sexuelle directe. Ce type de contenus est un héritage du début des années 70, où nombre d’artistes ont surfé sur la vague de la libération sexuelle pour justifier des productions douteuses. Les législations et la tolérance alors en vigueur, permettaient la constitution de telles collections. Une véritable production légale existait d'ailleurs aux Pays-Bas. L'Internet Watch Foundation note que les Pays-Bas sont par ailleurs toujours les premiers hébergeurs de pédopornographie au monde, avec à eux seuls 47% du contenu détecté en 2018 ! (B)

 

D’autres sites surfent sur la vague d’un certain visage « joyeux » de la pédopornographie. Les enfants y sourient. Ils sont mis en scène entre eux, mais rarement avec des adultes. Ces sites rappellent les clichés et vidéos pédopornographiques des productions danoises et hollandaises des années 70. On suggère que les enfants sont heureux de participer à la production pornographique. Cependant, il est totalement impossible de connaître la réalité des traitements que subissent ces enfants derrière les sourires de façade. Certains sont drogués; et la plupart sont préalablement eux-même exposés à de la pornographie, afin d'être conditionnés.

 

Certains de ces sites sont en fait des vitrines. En accès gratuit, seuls les contenus les plus timides sont mis en avant. Mais une fois le coût de l’abonnement acquitté, le membre a accès à des collections généralement beaucoup moins artistiques, et plus explicites. L’abonnement fait office de tri: il sépare le curieux - et les autorités - de l’amateur averti.

 

Enfin, on trouve des sites proposant des photographies et des vidéos sans aucune forme d’emballage artistique. Les enfants y sont montrés ayant des rapports entre eux ou avec des adultes. Ils sont l'équivalent des gonzos, pour la pornographie enfantine. On note une forte progression de ce type de production depuis les années 2000, parallèlement à la généralisation du hard dans la pornographie classique.

Les enfants exposés sur ces sites sont souvent originaires de pays du Tiers-Monde ou d'Europe de l'Est. L'activité de ces sites serait fortement d'inspiration mafieuse, les producteurs agissant comme de véritables proxénètes sur les "modèles" qu'ils exploitent.

 

Ce sont les sites de cette dernière catégorie, qui vont nous intéresser dans la troisième partie.

 

III. UN MARCHE ORGANISÉ

 

A. Typologie de l'offre

 

Un marché économique rôdé

 

Une donnée fondamentale de la pédopornographie sur Internet est à retenir: elle s'est, à l'orée des années 2000, organisée en marché économique. Elle a ses canaux de diffusion, ses tarifs, ses voies de publicité, sa clientèle. Le marché est suffisamment rentable pour attirer autour d'elle tous les mercenaires du web.

C'est ainsi que gravitent autour des gros sites pédophiles, des hackers et informaticiens proposant à la vente leurs solutions anti-détection et anti-filtrage. Certains le font par goût de l'interdit, très peu par sympathie pour les pédophiles; la très grande majorité par appât du gain.

Selon le journaliste Jacques Henno, la moitié des sites pédophiles sont hébergés aux Etats-Unis; les autres en Europe de l’Est, et plus particulièrement Russie et Roumanie (C)

Mais les sites russes semblent les plus problématiques.

En effet, en Russie, toute forme de pornographie est officiellement interdite; ce qui a contraint à la clandestinité tous les pornocrates amateurs. Ces derniers, quelques soient leurs "spécialités", se sont tous retrouvés sur les mêmes espaces clandestins, à partager leurs ressources. Les amateurs de pédopornographie côtoyaient alors les représentants de forme plus classique de pornographie. Même si leurs chemins se sont ensuite séparés, cette fusion de moyens a permis aux pédopornographes "d'apprendre" d'une façon redoutablement efficace.

 

Les principaux sites, à l'instar des trafiquants de drogue ou d'armes, ou des accointances avec la mafia. Dans les pays de l'Est, les proxénètes récupèrent les enfants des rues, afin d'alimenter les studios des fabriquants de contenus. Certains sites utilisent des faux documents officiels, des numéros de cartes bancaires ou de carte d'identité volées, pour obtenir des hébergements, ils les acquièrent parfois auprès de faussaires spécialisés, sous forme de kits complets ! (C.1)

 

Les sommes générées peuvent être colossales. Le site LS Studios, arrêté en 2004, aurait atteint le chiffre record de 20 millions de dollars de chiffres d'affaire par an. L'auteur d"An Insight Into Child Porn" estime à "quelques dizaines de millions de dollars au niveau mondial" (D) le chiffres d'affaires de la pornographie.

Il reste convaincu que, durant les années à venir, nous verrons les premières fortunes construites sur la pédopornographie, être réinvesties dans des activités plus classiques. Ces dernières existent déjà; à l'instar de celles construites sur le trafic de drogue, ou d'armes, elles sont hébergées sur des comptes bancaires situés dans les paradis fiscaux.

 

L'indifférence complice des sociétés de paiement en ligne

 

Les sites pédopornographiques ont connu, depuis 2000, un développement frénétique, grandement favorisé par la généralisation de solutions de paiement en ligne tel que WebMoney, ou les solutions Visa / Mastercard. Ces solutions ne nécessitent pas de contrôle de vérifications poussées, et permettent d'obtenir des coordonnées bancaires valables afin de pouvoir acquérir noms de domaines et espace d'hébergement.

Ces dernières sociétés n'ont pas un intérêt à se montrer trop rigoureuses dans le choix de leur clientèle, dans la mesure où la plus grosse part du revenu de ces sites, soit 40 à 60% (E), reviennent dans leurs poches par le jeu des commissionnements.

 

Témoignage de l'auteur d'Insight Into Child Porn*, évoquant l'activité de Site-Key.com, l'un des principaux sites pédopornographiques de la fin des années 90:

 

"Avec une entreprise dans le Delaware, un compte e-Commerce Visa et Mastercard ouvert avec Card Service International en Californie, ils faisaient passer tous les paiements via les USA à travers une passerelle Linkpoint". L'auteur cite également "CC-Bill, qui ne se souciait guère de ce qui était acheté, pour peu que l'argent continue à circuler"

"A cette époque [avant 2001, ndt], facturer les clients n'était pas un problème, et héberger des images pédophiles non plus. La quasi totalité des sites étaient alors hébergés aux Etats-Unis car on y pratiquait des tarifs imbattables"

"Certains groupes biélorusses, spécialisées dans les solutions de paiement en ligne, ont construit des technologies dédiées qui peuvent être utilisées pour facturer toutes ces transcations et blanchir l'argent par la même occasion. Par la suite certains producteur de contenus comme LS Studios [fermé en 2004, ndt] sont même allées jusqu'à développer leurs propres solutions de paiement"

 

"Aux Etats-Unis, vous pouvez acheter une "carte cadeau" Visa ou Mastercard, pré-remplie avec une certaine somme d'argent, en temps normal, celle-ci ne peut être utilisée sur le territoire américain. Cet achat pouvant se faire de façon anonyme avec de l'argent liquide, ces cartes peuvent ensuite être utilisées avec de faux papiers d'identité pour louer des serveurs sur Internet" (D)

 

*L'auteur du manuscrit Insight Into Child Porn, qui tient à rester anonyme, à travaillé de nombreuses années pour certains gros sites de pornographie enfantine. Il y évoque les coulisses de son "métier", et délivre, preuves à l'appui, des éléments chiffrés sur l'activité des sites pédopornographiques.

 

 

B. Typologie de la demande

 

Une clientèle abondante ?

 

Il est extrêmement difficile de quantier la fréquentation réalisée par ce genre de sites. L'auteur d'"An Insight Into Child Porn" affirme avoir en sa possession, "les statistiques de consultation de l'année 2001 d'un site web, qui contenait des photos d'enfants et d'adolescents nus (...) ce site a accueilli plus de 15 millions de visiteurs durant l'année 2001" (D).

 

En 2004, les autorités russes ont mis fin aux activités du site LS Studios, qui aurait généré à lui tout seul, jusqu'à la moitié du trafic pédopornographique mondial en ligne. Les autorités ont comptabilisé une moyenne de 1500 accès payants par jour, à raison de 40 dollars l'accès. Un chiffre d'affaires de plus de 20 millions de dollars a été alors estimé, ce qui correspond à ""une somme à peine supérieure au chiffre d'affaires de la société Marc Dorcel, le leader français de la pornographie classique, qui n'est qu'un tout petit acteur face aux géants américains du secteur" (C.1)

 

Existe-t-il un portrait type du consommateur pédopornographe ?

 

Les récentes affaires d'infanticide et de pédophilie l'ont parfaitement démontré: il n'y a pas de profil type du consommateur de pédopornographie. "Les pédophiles sont des gents apparemment comme vous et moi, ils sont issus de toutes les couches socioprofessionnelles sans distinction d'ethnies ou de sexe, dans tous les pays du monde et ils ont l'intelligence de jouer des disparités législatives pour assouvir leurs pulsions" (C).

 

Toutefois, selon Tom Morton, expert auprès des tribunaux anglais, la majorité des amateurs de contenus n'en fabriquent pas, mais auraient une certaine propension à la collection. Une toute partie d'entre eux redistribuent les contenus au plus grand nombre. (C.2)

 

Où trouver la clientèle ?

 

L'une des principales difficultés, pour les diffuseurs de contenus pédopornographiques, et de réussir à aller chercher la clientèle, sans pour autant risquer d'être détecté par les autorités. Il faut donc inviter les amateurs de contenus à basculer vers la face sombre d'Internet de la façon la plus discrète possible. Pour cela, différents procédés sont déployés:

- l'échange d'adresses entre initiés, par le biais des forums et des réseaux d'échange entre amateurs. Ce qui nécessite une confiance suffisante entre les participants du réseau, et la connaissance préalable des adresses des forums.

- la publication de ces même liens, dans ce que l'auteur d'Insight Into Child Porn appelle " des zones où se mêlent déjà des contenus particulièrement extrêmes (...) nécrophilie (...) zoophilie" (D). En effet, un nombre élevé de pédophiles ont déjà un expérience, disons poussée, de la pornographie conventionnelle.

- le spam en grande quantité. Les adresses sont récupérées par des moyens le plus souvent illégaux (captation d'adresses emails sur des listes; piratage de fichiers clients de grosses sociétés; lecture des surfs enregistrés sur des sites de pornographie légale). L'auteur d'Insight Into Child Porn affirme que les spammeurs, "pour envoyer le spam (...) utilisent des réseaux d'ordinateurs zombies infectés par des trojans", et dépeint un monde où jusqu'à "un ordinateur sur deux" servirait à l'envoi de spam pédopornographique. Sans aller jusqu'à cette estimation exagérée, il est effectivement vrai qu'une part importante du spam concerne des contenus pédopornographiques.

 

REGARDER DE LA PORNOGRAPHIE MAINSTREAM* PEUT-IL ME TRANSFORMER EN PEDOPHILE ?

 

L'accro au porno, afin de pouvoir renouveler sans cesse l'excitation de ses premiers visionnages, se sent toujours appelé à en "regarder plus".Dès lors que sa consommation lui échappe, il se met à rechercher des contenus toujours plus hards, plus sales... Le pornodépendant est donc fréquemment exposé dans sa quête du dégradant, à du matériel "extrême". En fonction des goûts de chacun, l'appétit pour certaines pratiques marginales peut se développer, même si dans la majorité des cas, le fantasme en demeurera un - par peur de réaliser "pour de vrai" ce que l'écran montre, par peur d'être vu comme un pervers par sa compagne, ou parce qu'il peut être difficile de trouver des partenaires partageant le même goût pour certaines pratiques radicales.

 

Cependant, il est important de signaler que la pornographie ne crée pas d'orientation sexuelle. Par exemple, si un pornodépendant hétérosexuel aime la zoophilie ou le sadomasochisme, c'est qu'il aime voir des femmes dans de telles scènes: l'objet de son fantasme n'a donc pas dévié, ce qu'il apprécie est au contraire une mise en scène particulière de cet objet. La pornographie ne cherche pas à troubler votre orientation sexuelle, mais au contraire à la flatter; elle vous propose pour cela des produits plus forts, plus addictifs, pour répondre à un goût qu'elle vous a déjà cerné.

 

Ceci explique que lorsqu'un pornodépendant tombe sur du contenu pédopornographique, il va très généralement s'en détourner. Parce que ça le dégoûte, parce qu'il n'a pas envie d'en voir plus, parce qu'il trouve cela tout sauf excitant. Croire que l'on peut ressentir une attirance pour des enfants, outre la dimension criminelle de la chose, relève d'un trouble psychiatrique profond, d'une " faille" préexistante.

 

Par contre, il est tout à vrai qu'un pornodépendant ayant en lui cette faille , se dirigera plus facilement et plus rapidement vers un passage à l'acte, s'il s'expose à du matériel pornographique.

 

Pour reprendre la terminologie de l'association de prévention et d'information contre la pédophilie L'Ange Bleu, on va distinguer trois types de pédophiles: les abstinents, les passifs et les actifs. Les abstinents se refusent à tout acte sexuel avec des enfants par volonté, les passifs seulement par contrainte sociale ou peur de l'exclusion. Les actifs sont passés à l'acte ou cherchent un passage à l'acte, leurs dernières barrières psychologiques ayant cédées.

 

La pornographie va ici jouer ici le rôle d'un catalyseur à pulsions, d'un accélérateur: elle va participer à transformer des pédophilies passifs en pédophiles actifs, en favorisant chez eux le submergement pulsionnel nécessaire à faire tomber leurs dernières inhibitions. La flamme sur le baril de poudre en somme. On va donc logiquement trouver de la pornographie (pédopornographie ou non) chez tous les pédocriminels.

 

La problématique est d'ailleurs la même que celle unifiant pornographie et agressions sexuelles en général: on sait aujourd'hui que le porno ne crée pas les violeurs, mais qu'une personne dont les déviances psychologiques l'amène à rendre hypothétiquement envisageable la commission d'un viol, va se sentir encouragé par le matériel pornographique. Ceci explique pourquoi la très grande majorité des consommateurs de porno ne deviennent pas des agresseurs sexuels, mais aussi pourquoi tous les violeurs sont des consommateurs du porno.

 

En synthèse, la pornographie ne crée par les pédophiles, mais favorise le passage de la passivité à l'activité des pédophiles. Si vous n'avez pas en vous la faille psychologique et criminelle décrite ci-dessus, regarder du porno mainstream* ne fera pas de vous un pédophile - elle risque "simplement" de faire de vous un pornodépendant.

 

* pornographie mainstream: pornographie "grand public", désigne au sens large le contenu pornographique légalement accessible et diffusé.

 

 

IV. CRIMES ET CHÂTIMENTS

 

A. L'évolution des moeurs

 

Durant les années 1970, les pays occidentaux affichent une tolérance pour la pédophilie. D'un côté, la libération sexuelle entend proclamer le règne de l'amour sans limites; de l'autre, on affirme que tout peut être montré, au nom de l'art et de la liberté d'expression, érigées en nouveaux dogmes moraux.

C'est ainsi qu'à cette époque, tout un courant d'artistes se complait à représenter dans leurs "oeuvres" des enfants dénudés. C'est l'époque de la constitution, aux Pays-Bas, de vastes collections de clichés pornographiques de mineurs . C'est l'époque où le manager du groupe Scorpions - sans consultation du groupe - choisit d'illustrer la pochette de l'album Virgin Killer (1976) d'une photographie d'une filette de 10 ans dénudée, le sexe à peine dissimulé par un éclat de verre (la pochette entraînera toutefois un tollé général, et sera remplacé rapidement un peu partout... sauf en France, où la version initiale sera plus longuement largement diffusée).

 

A cette époque, la pornographie bénéficie du même jugement bienveillant. Les films dits "de charme" sont diffusées en salle de cinéma, avec interdiction aux mineurs. Les audiences de certains rivalisent avec celles des films classiques: l' Emmanuelle de Just Jaeckin, dépasse les 7 millions d'entrées en 1974-1975. Histoire d'O, du même Just Jaeckin, est présenté comme un film majeur de l'érotisme français. On redécouvre aussi les oeuvres de l'embastillé marquis de Sade.

 

Puis, à partir du début des années 80, le vent a commencé à tourner. La divulgation d'affaires d'enlèvement ou de meurtres d'enfants, comme par exemple l'affaire Patrick Henry, puis l'affaire Marc Dutroux (1997), a clairement fait basculer l'opinion publique vers une représsion plus accrue des crimes et délits envers les enfants.

 

En parallèle, la libéralisation de la sexualité a continué. Le discours sur le sexe se banalise; il est désormais traité de façon ludique à la télévision, ou la télévision. La pornographie pénètre dans les foyers, grâce à l'avènement des VHS, du DVD, du film porno de Canal + puis d'Internet. Elle proclame comme dogme, la totale liberté des corps et la mort de la pudeur, puis des valeurs morales encadrant la sexualité. Tout devient possible entre corps accordés.

 

On en est ainsi venu à cette étrange paradoxe, qu'Emmanuel Pierrat dénomme la "théorie du consentement" (F): tout devient possible tant que le consentement de la totalité des participants est assurée. Or, les pédophiles, par définition, trompent les enfants sur leurs intentions. Les modèles ignorent que leurs photos font faire l’objet d’un traffic planétaire. De par leur innocence, ils sont trop jeunes pour saisir la portée réelle de leurs actes. Sans compter que la révélation de sordides affaires, a permis de démontrer des cas d’enfants drogués ou séquestrés par les producteurs de contenus.

 

Et c’est avec un certain malaise qu’aujourd’hui, on regarde la tolérance accordée il y a encore trente ans. Par exemple, en 2009, à la galerie Tate Modern, la photographie de l’actrice Brooke Shields, nue, alors qu’elle n’avait que 10 ans, fit scandale… Cette photo datait de 1975. La direction de la galerie a finalement décidé de retirer le cliché par souci d’éviter la polémique. La photo, «artistique» en 1975, était devenu indécente en 2009; de même, les rééditions récentes de Virgin Killer de Scorpions optent pour la pochette la plus conventionnelle.

 

De la même façon, le catalogue pornographique néerlandais des années 70, a été épurée des éléments à caution. Ces images, autrefois largement diffusées, ne subsistent plus qu'au sein des réseaux et des sites de pornographie enfantine, où elles se mêlent à des contenus beaucoup plus explicites.

 

B. Les législations actuelles

 

La loi a suivi l'évolution de la société; les peines prononcées pour les crimes et délits touchant les mineurs sont généralement plus lourdes que celles pour les actes dont les victimes sont des adultes.

 

France: article 227-23 du Code Pénal

 

En France, l'article 227-23 du Code Pénal réprime la production de pornographie enfantine, à raison de 5 ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. La distribution de tels contenus est puni de façon identique.

Les peines sont portées à 7 ans d’emprisonnement, et 100 000 euros d’amende, si le pédophile a recours à Internet pour diffuser le contenu.

 

La consultation est quant à elle punie à hauteur de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Le législateur retient cependant ici le caractère habituel de la consommation.

 

Point intéressant, l’article s’applique aux représentations de mineurs… ainsi qu’aux représentations d'adultes, qu’on essaierait de faire passer pour des mineurs. Ainsi, demander à une fille de 18 ans d’Europe de l’Est, de prendre des poses de lolitas de 14 ans, sans préciser qu'il s'agit clairement d'un fantasme, tombe sous le coup de l’article.

Cette rédaction permet des poursuites beaucoup plus cohérentes, car de nombreuses condamnations se révéléraient impossibles sur le seul critère de l'âge du modèle. En effet, il est parfois très difficile de différencier un modèle de 16 ans d'un autre de 18 ans. Et les pédopornographes fournissent rarement les justificatifs d'identité des mineurs qu'ils photographient!

De surcroît, la pédophilie est bien le fait d'être excité par la représentation sexuelle des mineurs... que le modèle soit réellement mineur, ou un adulte qu'on me présente comme mineur, revient au même.

 

Pour cette raison, les producteurs reconnus de pornographie légale veillent scrupuleusement à ce que leurs productions ne puissent en aucun cas être assimilés à de la pédopornographie. A aucun moment, on ne sous-entend que les actrices, ou leurs personnages, sont mineurs. Les fantasmes du type « écolières », encore très prisés dans les années 90, sont aussi en perte de vitesse dans les productions grand public.

De la même façon, quand un DVD X nous présente « des tonnes de modèles venant d’avoir 18 ans », on nous dit aussi très clairement que ces modèles ont 18 ans ou plus : on surfe sur la transgression, en veillant bien à ne pas dépasser la ligne

 

Depuis l'adoption le 15 mars 2011 de la loi n°2011-267 d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (LOPPSI), l'administration française peut imposer aux fournisseurs d'accès le blocage de tout site qu'elle leur indique, au motif notamment qu'il héberge du contenu pédopornographique, et ce sans passer par une décision de justice. La gestion de la liste des sites bloqués est confiée à l'OCLCTIC (Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l'Information et de la Communication), organe dépendant de la gendarmerie spécialisé dans la lutte contre l'activité délictuelle et criminelle en ligne.

 

Le système s'inspire de ce qui existe déjà chez les anglo-saxons. Il a notamment été observé outre-manche, où l'Internet Watch Foundation (B) transmet aux fournisseurs d'accès les sites à bloquer; avec la nuance toutefois que l'Internet Watch Foundation est une structure indépendante, le blocage se faisant à la discrétion du fournisseur d'accès.

 

En Australie, c'est l'ACMA (Autorité Australienne des Communications et des Médias) qui est chargé d'établir la liste des sites à bloquer. Elle peut également, sous peine d'amendes de 11 000 dollars, contraindre les sites légaux référant d'une quelconque façon des liens interdits, à les supprimer de leurs pages (C).

 

Suisse: article 197 du Code Pénal

 

Depuis 2002, la nouvelle codification de l'article 197 du Code Pénal punit d'une peine de trois ans d'emprisonnement, et d'une amende, la fabrication ou la diffusion de pédopornographie. La possession est quant à elle punie d'une peine d'un an, portée à trois ans si une intention lucrative peut être démontrée.

 

L'article 197 du Code Pénal définit cependant que "les objets ou représentations visés au ch.1 à 3 ne seront pas considérés comme pornographiques lorsqu'ils auront une valeur culturelle ou scientifique digne de protection".

 

L'éternel alibi de l'art

 

En France, il n'existe pas de définition légale de ce qui est pornographique, et donc par conséquence, de définition de ce qui est pédopornographique. Il appartient donc au juge, face au contenu représentant des mineurs, d'en définir le caractère illicite au cas par cas.

 

Quant à la législation suisse, elle précise clairement que les oeuvres avec des mineurs ayant "une valeur culturelle ou scientifique digne de protection" sont exclus du champ des poursuites.

 

De ce fait, certains pédophiles tendent à vouloir contourner ces dispositions législatives, en présentant leur contenu comme "esthétiques". Les législations occidentales protègent en effet toute les formes de subversion et de commerce, tant que leurs auteurs arrivent à les présenter comme à valeur artistique.

Cette défense est loin d'être nouvelle: on la trouvait déjà au début des années 70, lorsque de nombreux artistes surfaient sur la vague de la libération sexuelle pour justifier leurs productions douteuses.

 

Rappelons que toute pornographie, est avant tout et surtout une exploitation commerciale du corps humain. Multiplier les scènes de sexe dans un film ne vise pas à en faire une oeuvre d'art, mais bien à stimuler les ventes car notre inconscient est tout de suite attiré vers les images à connotation sexuelle.

 

Belgique: article 383bis du Code Pénal

 

Par l'article 383bis du Code Pénal, la fabrication, la diffusion ou l'exposition à du matériel pédopornographique est puni de peines allant de 5 à 10 ans de réclusion, ainsi que d'une amende allant de 500 à 10 000 euros. Si le coupable a agi au sein d'une "association", les peines sont portées de 10 à 15 ans, et de 500 à 50 000 euros.

 

La possession est quant à elle punie d'un mois à un an de prison, et d'une amende de 100 à 1 000 euros.

 

Canada: Article 163.1 du Code Criminel

 

Depuis 1993, l'article 163.1 du Code Criminel condamne à un maximum de dix ans, quiconque produit, distribue, ou vend . Sa rédaction a été repensée en 2002, afin d'inclure le nouveau champ des sites Internet.

La possession et le visionnage sont passibles de peine pouvant aller jusqu'à 5 ans d'emprisonnement.

 

La pornographie juvénile s'entend comme toute représentation d'une activité sexuelle avec une personne de moins de 18 ans, ou présentée comme telle. Cela permet, à l'instar des dispositions du Code Pénal français, de poursuivre les images présentées comme pédophiles, quand bien même elles représenteraient des adultes.

 

La législation canadienne apparaît comme étant une des plus strictes, puisqu'elle prévoit des peines pour les incitations et promotions de la pédophilie, ainsi que pour le vionnage sans stockage. Les incitations et promotion de la pédophilie sont également poursuivies.

 

Vous voulez participer à la rédaction de l'article ? Vous avez des informations supplémentaires, ou plus précises concernant les législations actuelles relatives à la pédopornographie?

 

N'hésitez pas à contacter le webmaster. Vos informations seront vérifiées puis intégrées à l'article. Vous aurez même le droit à un petit remerciement en bas de page!

 

Amicalement. AFREG.

 

 

C. Ces législations sont-elles efficaces ?

 

Il faut saluer le travail des services de police et de gendarmerie, qui, par exemple, en France, ont déjà abouti à des arrestations retentissantes de consommateurs.

 

Parmi les plus fameuses, celles réalisées dans le cadre de l'opération Némésis, ayant abouti en 2005 à l'arrestation de 90 consommateurs français, organisés au sein d'un réseau amateur (certains d'entre eux avaient plus de 3 000 photos illicites en leurs possessions)

 

Mais il faut également reconnaître que la lutte contre les fabricants et gros diffuseurs de contenus échappent encore massivement aux forces de l'ordre, principalement à cause de l'inadaptation des lois.

- d'un côté, les forces de l'ordre manquent encore de coordination à l'échelle mondiale. Leur travail est ralenti par les disparités législatives, le manque de moyen et de personnel.

- de l'autre, les pédopornographes, qui analysent leur contenu en terme de rentabilité, n'hésitent pas à investir massivement afin de rester le moins repérable possible. Ils savent parfaitement jouer des disparités législatives, conscients que ces dernières jouent en leur faveur.

 

La guerre de la technique est-elle perdue d'avance?

 

Les sites pédopornographiques se caractérisent par une extraordinaire volubilité. Un site peut ouvrir et fermer en moins d'une heure. La plupart du temps, ces sites ne sont d'ailleurs conçus que pour une durée de vie limitée.

 

Les contenus sont hébergés sur des serveurs multiples, et passe par de nombreux proxys pour éviter les recoupements. Tout stockage physique est limitée, en cas de saisie des ordinateurs. L'idée étant d'assurer au contenu, une possibilité de redéployement quasi immédiate si nécessaire. Ainsi, une bonne partie du contenu du LS Studios, arrêté en 2007, a ressurgit quelques semaines plus tard sur des serveurs asiatiques, selon le témoignage du gendarme Hervé Recoupe (C.3)

 

De surcroît, les sites pédopornographiques disposent de moyens techniques sophistiqués, afin d'échapper au contrôle des forces de l'ordre. Les plus puissants travaillent en collaboration avec des hackers aux meilleurs moyens d'échapper aux contrôles. Ces sites n'hésitent en effet pas à réinvestir une part importante de leur bénéfice dans leur protection.

 

Et c'est là toute la limite de dispositifs légaux comme celui de la loi LOPPSI; le filtrage des sites par les fournisseurs d'accès bloquent les routes balisées, mais le gros du trafic passe par des chemins détournés, vers lesquels les distributeurs de contenus pédopornographiques arriveront à orienter le public intéressé.

 

De sucroît, l'aspect moral de telles mesures est également sujet à débat. Le système LOPPSI vise à empêcher l'accès aux sites litigieux, mais ne prévoit pas de dispositifs de lutte contre de tels sites. On ne fait que camoufler le problème, en tentant de le repousser hors de nos frontières virtuelles.

 

Une autre politique de lutte est-elle à préférer ?

 

L'industrie pédopornographique utilise le meilleur, et donc le pire, des effets de la mondialisation: éclatements des serveurs, volubilité des sites web... Si les pédopornographes sont capables de s'entendre à travers le monde, alors les forces de l'ordre doivent en faire tout autant. Une lutte efficace contre les contenus pédopornographiques passe donc par:

 

1. L'harmonisation des législations au niveau mondial.

 

A l'heure actuelle, les notions même d'enfant et de mineurs varient d'un pays à l'autre. Par exemple, aux Pays-Bas, la démonstration à fins sexuelles des mineurs de 16-18 ans est tolérée, mais dans la mesure du possible, contenu au seul marché national. En Suisse, la protection des mineurs s'arrête à 16 ans. Au Japon, elle s'arrête à seulement 13 ans. Un site mondialement connu comme Met-Art.com, spécialisée dans la photo de charme de jeunes modèles, "achetaient encore en 2000 des séries de photos faites avec de modèles de 11 à 14 ans" (ces photos sont aujourd'hui retirées du site") (Le côté obscur - Mathieu Pasquini - Gérant et Fondateur d'In Libro Veritas (C.4).

 

2. Le renforcement de l'action des autorités, et leur formation aux technologies actuelles.

 

Le rapport de la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) sur l'activité réalisée par l'OCLTIC du 1er mars 2018 au 1er février 2019, précise que les gendarmes du net ont demandé le blocage de 14 216 liens (pour 797 sites) menant vers un contenu pédopornographique, soit une augmentation de 7% par rapport à l'exercice précédent (G). L'augmentation des actions est d'ailleurs continue d'exercice en exercice, ce qui reflète aussi bien une hausse du nombre d'affaires qu'une meilleure prise de conscience par les internautes de la nécessité de signaler les sites litigieux.

 

3. La médiatisation des arrestations de consommateurs.

 

La "peur du gendarme" est une réalité, y compris sur le Web. On sait par exemple que l'annonce de possibles suites pénales aux affaires de téléchargement illégaux et la médiatisation de la fermeture de certains gros sites ont permis une baisse significative de ces téléchargements. Or, comme dans tout marché économique, l'offre dépend de la demande: en supprimant la demande, on porte gravement atteinte à l'offre.

Il est donc nécessaire de rappeller aux consommateurs de contenus pédopornographiques, que l'impunité n'est pas de mise, et que les enquêtes menées par les services de police et de gendarmerie ont déjà abouti à des arrestations retentissantes.

 

4. Attaquer le problème à la source.

 

La très grande majorité des fabriquants de pédopornographie, abusent d'enfants venant de pays pauvres (Tiers Monde, Europe de l'Est) et où la protection des droits de l'enfance est beaucoup moins développée.. Des actions doivent être intentées dans ces pays: traque des producteurs, information des enfants, formation des forces de police locale... La lutte doit rejoindre ici celle déjà menée contre le tourisme sexuel, une problématique jumelle. Les actions des O.N.G. présentes "sur le terrain" sont à soutenir.

 

V. COMMENT SIGNALER UN SITE LITIGIEUX

 

France

Le site Internet-signalement.gouv.fr (aussi connue sous le nom de plateforme PHAROS) a été mis en place par le Ministère de l’Intérieur. Il vise précisémment à faire connaître aux autorités, tout site apparaissant illicite. Vous avez la possibilité de faire un signalement anonyme si vous le désirez.

 

En cas d'inacessibilité du site, vous gardez la possibilité de vous retourner vers un poste de police ou une gendarmerie, de vous adresser à l'adresse email judiciaire@gendarmerie.defense.gouv.fr

 

Belgique

Les autorités belges invitent les utilisateurs à faire leurs signalements sur le site de la fondation d'utilité publique Child Focus (Fondation pour Enfants Disparus et Sexuellement Exploités), consultable en français et néerlandais. L'anonymat de votre signalement est tout à fait possible. Vous pouvez également appeler directement Child Focus au numéro gratuit 116 000.

 

Suisse

Le site Cybercrime (www.cybercrime.ch), rattaché à l'Office Fédéral de la Police, propose un formulaire de signalement. Vous pouvez si vous le voulez, ne laisser qu'un pseudonyme.

 

Canada

Le site Cyberaide (www.cyberaide.ca) centralise, pour l'ensemble du Canada, les signalements. Il s'agit d'une organisme caritatif, qui fera les recoupements nécessaires et transmettra ensuite les informations aux autorités judiciaires canadiennes. Le site existe en version française et anglaise.

 

Reste du monde

L'idéal étant, à chaque fois, de signaler le site en question aux autorités, et de privilégier pour cela leurs sites en ligne. Toutefois, tous ne proposent pas un tel service de signalement. La barrière de la langue peut également être un problème.

 

Dans ce cas, je vous invite à vous rendre sur le site de l'association InHope. Ces dernières accueillent les signalements de quarante-sept pays. Pour connaître la liste des territoires concernés, rendez-vous sur le site www.inhope.org, bouton "Report Content". Choisissez ensuite le pays concerné.

 

Si vous résidez en Europe, et n'êtes pas familiarisé avec Internet, vous pouvez téléphoner au numéro 116 000, numéro standardisé pour l'Europe. Vous y serez écouté de façon anonyme par les responsables du réseau Child Focus, eux-même partenaires d'In Hope.

 

Dans tous les cas, laissez les forces de l'ordre faire leur travail. Notez simplement l'adresse du site, le jour et l'heure de votre surf. Ne conservez aucune photo ou vidéo. D'abord, parce que ces éléments n'auraient aucune valeur légale. Ensuite, parce qu'il est tout simplement interdit de conserver du contenu pédopornographique. Par contre, conservez les mails de spam faisant la promotion de sites pédophiles, ils pourraient vous être demandé.

 

AFREG. 3ème version de l'article - avril 2020.

 

Citations:

 

A. Internet Watch Foundation, rapport pour l'année 2018, http://www.iwf.org.uk/report/2018-annual-report

B. Les enfants face aux écrans: pornographie la vraie violence, par Jacques Henno, Editions SW-Télémaque, 2004.

C. Confession d'un pédophile, l'impossible filtrage du web, collectif de Fabrice Epelboin (C.1), Tom Morton (C.2), Hervé Recoupe (C.3) et Mathieu Pasquini (C.4), 2009.

D. An Insight Into Child Porn, par M. X, http://wikileaks.org/wiki/An_insight_into_child_porn#, 2009.

E. Enquête sur la face cachée d'Internet, article par Renaud Level, l'Express, 25 mai 2000.

F. Le Sexe et la loi, par Emmannuel Pierrat, Editions La Musardine, Collection L'Attrape Corps, 2002

G. Contrôle du blocage administratif des sites: la personnalité qualifiée présente son 4e rapport d'activité, Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL), 2019.

 

 

Si vous avez aimé le travail fait sur cet article et les autres articles du site, vous pouvez soutenir le projet en faisant un petit don par le biais de Paypal ou de Tipeee. Aucune somme minimum n'est exigée, et c'est bien évidemment facultatif. Merci par avance!