DROITS DE RÉPONSE

A L'ATTENTION DE M. DAVID COURBET (ARTICLE LE PLUS, NOUVEL OBS.)

 

Le 26 février, le site Le Plus du Nouvel Obs a publié la tribune de M. David Courbet, auteur entre autres de l'ouvrage Féminismes et pornographie, aux Editions La Musardine. Ce dernier déroule dans sa chronique un discours pro-porno, et surtout "anti porno-dépendance" où il fait référence notamment au www.pornodependance.com.

 

Il est important de resituer le contexte: il y a quelque temps, le même site a publié le témoignage courageux d'un pornodépendant, Paul B. Paul B. citait le www.pornodependance.com, puisqu'il est lui-même membre du forum. Pour être précis, c'est via le forum du site que Paul B et la journaliste du Plus sont rentrés en contact.

 

J'ai souhaité apporter un droit de réponse aux propos de M. Courbet, qui sont clairement mensongers, ainsi que diffamants au vu du travail réalisé ici. Ce droit de réponse est accessible en dessous.

 

Paul B., connu sur le forum sous le pseudonyme de Néo PMD, a également souhaité publier un droit de réponse, que vous pouvez consulter à la suite du mien.

 


 

AFREG, ADMINISTRATEUR DU WWW.PORNODEPENDANCE.COM

 

J'apprécie la démarche du Plus, qui cherche à faire avancer le débat - la même journaliste a semble-t-il participé à l'édition des deux articles, ce qui est une démarche tout à fait intègre. Je me réjouissais donc à l'idée de lire une analyse critique intéressante.

Je me réjouis d'autant plus d'apporter ma critique, de la critique.

 

Dès le début, M. Courbet part fort. Il cite une étude d'un psychologue américain, qui aurait établit que seulement "27% des articles sur le sujet sont basées sur des données réelles". Mais cet argument, justement, ne prouve-t-il pas le contraire de ce que sous-entend Monsieur Courbet ? Car ces 27% d'articles constituent donc un corpus d'articles, de travaux, de témoignages à même de démontrer l'étendue de la réalité de la pornodépendance. Mais la lecture de M. Courbet se limite à une seule étude d'un psychologue américain: paradoxal de critiquer la faiblesse supposée des sources sur un sujet, et de soi-même se limiter à un seul travail. "Résultat: le cas isolé est trop souvent mentionné comme une généralité". Ce n'est pas moi qui le dit, c'est M. Courbet..

 

La majeure part du discours de M. David Courbet repose sur ce qu'il tente d'imposer au lecteur comme une vérité non-négociable: tous les discours critiques sur la pornographie et la pornodépendance, seraient tenus par de vilains moralistes. Il est totalement impossible, dans l'esprit de M. David Courbet, d'avoir un discours qui ne soit pas teinté de moral. Exit donc les études universitaires (par ex. les remarquables enquêtes de la sociologue M. Marzano auprès du public d'adolescents), les travaux de journalistes (Florence Sandis et son "Les sex-addicts", ou Frédéric Joignot et"Gang bang: Enquête sur la pornographie de la démolition, par exemple), qui sans forcément être contre la pornographie, en ont reconnu les dérives et les dangers inhérents à sa forte consommation. Même Ovidie, ex-actrice X et réalisatrice aujourd'hui de films pour adultes, est capable dans son "Porno Manifesto" d'exprimer de l'inquiétude vis-à-vis du succès grandissant d'une certaine frange de la pornographie. Mais la richesse de tous ces travaux de gens d'horizon fort différents sont absents de l'article de M. David Courbet, puisque ces derniers renverraient son argumentation au néant.

 

M. David Courbet dérive lorsqu'il explique que "dans le discours des thérapeutes, militants anti-porno, ex-dépendants ou certains journalistes", il y a nécessairement une volonté de sexualité normative. Si M. Courbet avait correctement travaillé son sujet, il aurait compris que la plupart des pornodépendants déplorent justement le fait d'avoir une vie sexuelle qui ne les satisfait pas. Ils ne cherchent pas à rejoindre une norme, ils cherchent à retrouver un peu d'extase auprès du corps de l'autre. Parce qu'à cause de la nausée du porno, leur sexualité bat de l'aile. Tout l'argumentaire pro-consommation de M. Courbet repose sur l'idée que la consommation de porno aiderait à dépasser les frustrations sexuelles. C'est la théorie de la catharsis, mise au point par l'américain S.Fesbach en 1955. Une théorie tellement fumeuse que son auteur lui même y a grandement renoncé quelques années plus tard.

 

M. David Courbet est insultant lorsqu'il affirme que ces mêmes " thérapeutes, militants anti-porno, ex-dépendants ou certains journalistes" seraient tous des obsédés de la norme, qui souhaiteraient "mettre au ban de la société" "les lesbiennes, gays, bi, trans". Sur son forum, le www.pornodependance.com reçoit les témoignages de tous les dépendants, quelque soit leurs orientations sexuelles. Tout le monde s'exprime et s'entraide dans le même espace. Mais dans l'esprit manichéen de M. D. Courbet, la nuance n'a pas de place: il y a les méchants, et les gentils. On ne peut pas être méchant "à moitié".

 

Ce qui m'amène à la partie citant le www.pornodependance.com:

 

"Et quand on regarde de plus près ces sites sensés nous "aider à sortir du carcan pornographique": une grande partie d'entre eux sont liés de près ou de loin avec des sites religieux. Soit directement avec des articles, très bien référencés, relayant les soi-disant dangers du porno, car dieu est le mieux à même de vous donner "la vérité sur la pornographie", ou alors de manière plus subtile. Cest le cas pour l'un des principaux sites "pornodependance.com" qui se voit fortement recommandé... par Chrétiens.org, "l'annuaire du net chrétien francophone". Que la propagande religieuse chercher à récupérer les brebis égarées semble normal, mais le faire de manière cachée et prôner l'indépendance est pitoyable. Et au final contreproductif".

 

On appréciera le côté très enclin à l'exagération de M. Courbet: "fortement recommandé... par Chrétiens.org". Pour accéder à mon site depuis Chrétiens.org, il faut, depuis leur page d'accueil, cliquer sur la bonne rubrique (parmi 27), et faire défiler la page affichée et atteindre le .... septième résultat. Avec une présentation identique aux autres résultats de la page. Une telle mise en valeur qu'aucun commentaire quant au www.pornodependance.com n'a été posté sur chrétiens.org.

 

Je précise que M. Courbet ne m'a nullement contacté, en tant qu'administrateur du www.pornodependance.com. C'est fort dommage, car j'imagine que quelques échanges auraient stimulé nos intellects. Car si M. Courbet m'avait contacté, je lui aurais expliqué que je se suis membre ni ne travaille pour aucune organisation religieuse, et que je ne suis ni rémunéré (hormis quelques dons Paypal faits par des lecteurs) ni soumis à la relecture de personne.

 

Chrétiens.org me référence, tout comme entre autres, des pages du site forum-seduction.artdeseduire.com, du forum de www.psychologies.com, de Carevox, ou bien encore du forum de France 3, et des dizaines d'autres espaces. Parfois parce que j'ai moi même posté un message sur ces espaces. Ou bien, et cela semble le cas pour Chrétiens.org, parce qu'un internaute ayant apprécié mon travail a fait référencer le site. Mais ça n'établit pas de collusion. Exactement comme l'internaute qui va poster sur un forum de jeux vidéos un message pour dire qu'il a bien aimé le dernier film de Di Caprio: ca ne veut pas dire que Di Caprio est financé par l'industrie du jeu vidéo. Ca ne veut même pas dire que Di Caprio apprécie les jeux vidéos. Ca veut juste qu'un type aime à la fois les jeux vidéos et Di Caprio.

 

Mais j'imagine que M. Courbet, qui n'a sans doute pas réussi à trouver dans mes articles des preuves de la dépravation religieuse dont il m'imagine sûrement gravement atteint, a dû se résoudre à cette sortie de route pour garder la face; si je suis pas coupable, je le suis sûrement par les gens qui me connaissent.

 

AFREG. 27 février 2014- mises à jour juillet 2015 et avril 2020.

 


 

PAUL B. (ALIAS NEO PMD)

 

Qui sont les « véritables » ( ?) porno-dépendants ? Bonne question.

D’après un chroniqueur Sexo, nous serions au mieux "des personnes trop timides ou socialement en retrait se servant de la masturbation compulsive comme compensation pour cacher un problème plus profond", au pire des personnes manipulées par les lobbies religieux qui s’opposeraient à la liberté sexuelle. Ouh ! Les vilains !
Ayant cité le témoignage d’un individu, « fut-il intéressant » (sic), vous vous dépêchez de préciser que "quelqu’un qui s’intéresse plus à des vidéos de cul qu’à sa vie affective et éventuellement familiale, doit non seulement avoir un problème" (ça c’est sûr) mais que "ce problème vient sans doute d’ailleurs", pas de la sacré sainte pornographie.
Et en plus, étant adepte de la facilité, je (puisque c’est de moi dont il s’agit) trouve plus simple d’accuser les gentils industriels qui produisent "un stimulant sexuel", indispensable au bonheur et à l’épanouissement sexuel des masses. Je suis donc incapable de me remettre en cause, juste de pointer du doigt (le majeur ?) la conséquence plutôt que de chercher les véritables raisons. Ma psy va être contente de l'apprendre.

Mais vous avez la gentillesse de me donner des pistes : vous parlez d’un problème qui trouve une toute autre origine que le visionnage de film de boules, entre autres, "des facteurs comme une éducation à la sexualité difficile ou tronquée". "Le porno agit alors comme un compensateur d’une sexualité mal exprimée". Merci, je suis ravi de l’apprendre, vous me citerez vos sources qui nous connaissent si bien ?

La masturbation compulsive serait même une compulsion (bin oui !), pour d’autre une réaction à un trauma sexuel (c’est une obsession chez vous ?). Même si vous admettez "qu’il y a beaucoup de personnes qui ont été abusées sexuellement et qui n’ont aucun de ces « prétendus » symptômes". J’adore ! Je ne comprends pas toujours votre logique mais j’adore. J'aime moins votre condescendant "prétendus" mais bon, ça devait être une figure de style ?

"Il semblerait qu’il s’agisse en fait… d’un mythe". "Il n’existe aucune définition de ce qu’est "l’addiction au sexe" !" Donc évidement si vous le dites … Alors quid des nombreux témoignages, des centres d’addictologies qui s’ouvrent un peu partout pour accueillir les dépendants comportementaux divers et variés (jeux d’argent, jeux vidéo, sex-addict, acheteurs compulsifs, …). Ils ne le font que par intérêt ?

Le témoignage d’un individu n’explique donc pas un phénomène social, mais bien sûr, puisque ce n’est qu’un témoignage. Comme l’avis d’un « expert » en liberté sexuelle ne devrait rester qu’un avis et pas une condamnation. Si ce témoignage existe (et bien d’autres), chercher à le tourner en dérision ne fait pas avancer le débat, ni grandir le donneur de leçon.
Si comme vous le dites : le porno est un stimulant sexuel, rien d’autre, la porno-dépendance est tout le contraire." Une personne avertie ne risquera rien à sa vue mais des troubles peuvent naturellement subvenir chez d’autres". C’est le seul but de mon témoignage : avertir des conséquences possibles afin que certains les évitent. Quel intérêt avez-vous à minimiser ces effets que vous reconnaissez tout de même, surtout en descendant en flèche les personnes qui souffrent ? De quel droit jugez-vous les souffrances d’autrui et leur façon de vivre avec ou de les combattre ?

Alors vous accusez :
« De quel droit juger des plaisirs d’autrui et de sa manière d’y parvenir ? » Mais où voyez-vous un jugement dans mon témoignage ? Vous êtes-vous senti accusé de perversion ? Si c’est le cas, j’en suis désolé pour vous mais c’est votre ressenti, uniquement le vôtre.
Quand à votre accusation « Exit les lesbiennes, gays, bi, trans », non seulement elle est insultante (à mes yeux) mais en plus totalement infondée car parmi les personnes concernées par cette difficulté, il n’y a pas de discrimination : femme, homme, hétéro, homo, célib, en couple, jeune, vieux, … tous sont représentés.
« Pis encore, personne n’en est mort. » Comment pouvez-vous affirmer cela ? Le nombre de couples à l’agonie, de suicides, d’exclusions sociales, même minime n’est pas égal à zéro. Quelle cruauté que de dénigrer cette réalité pour ceux qui la vivent. Même si vous nous considérez comme de piètres personnes, vous devriez faire preuve d'un peu d’humanité.

Et là où vous faites très fort : « le marché de la désintoxication au sexe fait florès. ». Vous touchez un pourcentage sur le nombre de vues sur le site de Dorcel ?
Voici quelques chiffres qui montrent l'ampleur du phénomène pornographique :
-12% des sites internet sont pornographiques (266 nouveaux sites se créent chaque jour en moyenne)
- 25 % des requêtes sur les moteurs de recherche sont pornographiques
- 35 % des téléchargements sur internet sont de nature pornographique
- Chaque seconde, 28.258 internautes sont en train de regarder du porno
- Chaque seconde, 89$ sont dépensés pour de la pornographie
- ‘Sex’ est le mot le plus recherché sur internet
- En 2006 les sites X américains ont rapporté 2,84 Mds de $
- 72% des visiteurs de sites pornos sont des hommes
- 70% du trafic pornographique est fait durant les horaires de travail (9-17h)
- il y aurait 372 millions de pages web porno…
- 89% des sites pornos sont hébergés aux USA

Là où je suis totalement en accord avec votre expertise … « Et comme tout sujet, l’éducation reste primordiale pour comprendre la séparation de ces deux mondes. ». Mais je crois qu’il faudrait que vous retourniez sur les bancs des collèges pour comprendre le problème. Et ce n’est ni la religion des uns ni votre aveuglement qui résoudront la fracture qui se forme actuellement entre la sexualité « fantasmée » des jeunes ados et la réalité d’une sexualité épanouie, à 2 ou plus, dans ou hors du couple. Personnellement chacun fait comme il veut. Ils risquent de ne jamais bénéficier des bienfaits physiologiques et émotionnels de l’attachement et de l’intimité avec une autre personne, je vous cite !

En résumé, vous dénigrez, vous accusez pour défendre une liberté que vous chérissez mais que certains ne connaîtront peut-être jamais.

 

Paul B. (Neo PMD) . 27 février 2014.

 

 

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